Le poulpe,
le céphalopode de nos rivages

Présent dans toutes les mers du monde, le poulpe est étroitement lié à la gastronomie méditerranéenne. Grillé ou en salade, il est de plus en plus prisé par les amateurs de produits de la mer et figure désormais sur les cartes des meilleurs restaurants. À Sète, il est l'ingrédient principal des fameuses tielles, d'origines espagnole et napolitaine. Un mets de roi qui ravit les papilles malgré son apparence étrange et peu engageante.

L’Occitanie est la championne toute catégorie de la pêche aux poulpes. Sur les 1900 tonnes commercialisées dans les criées françaises en 2018, 1600 tonnes l’ont été sur la façade méditerranéenne de notre région. Jean-François Holley, directeur adjoint et référent pêche du Cepralmar* nous en donne les raisons :

Deux sortes de poulpes sont pêchées et consommés.

Au large, les poulpes blancs, les élédones, et les poulpes ceux de roche, les Octopos vulgaris, sont ramassés dans les chaluts des pêcheurs. Plus près du rivage, les Octopus vulgaris, ces derniers sont pêchés ‘‘au pot’’ ou ‘‘au casier’’. »

Plus savoureuse, plus compacte, la leur chair de ces derniers est la plus recherchée, les poulpes blancs étant plutôt destinés à l’industrie alimentaire. Pour Jean-François Holley,  les fonds sableux du littoral languedocien sont, paradoxalement, mieux adaptés à la pêche aux pieuvres (l’autre nom commun donné aux poulpes à ce céphalopode) dites de roche grâce à la pêche au pot qui s’y est développée.

La pêche au pot, la technique gagnante de l’Occitanie

 

La pieuvre est un animal casanier qui se réfugie dans les anfractuosités des côtes rocheuses où elle se déniche difficilement puisqu’elle possède un fabuleux pouvoir de camouflage. Elle ne sort de sa cachette que pour se nourrir de coquillages et de crustacés, attrapés avec ses tentacules, et dont elle perce la coquille à l’aide du puissant « bec de perroquet » dont elle est pourvue. 

La pêche au pot est une aubaine pour les pêcheurs. Les pots, accrochés à une corde lestée d’une ancre et surmontée d’un flotteur offrent un abri aux pieuvres de notre littoral sableux et pauvre en roches où elles peuvent se dissimuler. Les poulpes De fait, elles les adoptent rapidement, s’y installent et peuvent y entrer ou en sortir facilement. Erwan Berton, prud’homme major** de Leucate dans l’Aude pratique la pêche au poulpe de roche, qu’à Leucate on appelle aussi de Roc, depuis de nombreuses années.

« La saison de pêche commence au mois de septembre et s’étend jusqu’au mois de juin, avec un pic sur la période la plus froide pour la pêche aux pots. 

Nous le capturons donc de deux manières différentes, avec des pots ou avec des casiers. La différence réside dans le fait que le pot ne contient pas d’appât et ne retient pas le poulpe prisonnier contrairement au casier. C’est une pêcherie gérée par les professionnels en Occitanie ; une période de fermeture durant la période de ponte ainsi qu’un nombre de pots et de casiers limité ont été mis en place. Le poulpe est le deuxième produit en volume après le thon rouge, il est un pilier de notre économie. » 

Et, bien entendu, l’un de ses plats préférés qu’il afectionne particulièrement en salade. Après l’avoir préparé, il découpe les tentacules en petites rondelles qu’il sert accompagnées de salade verte, tomates, pommes de terre en tranches froides et d’un bon aïoli bien relevé.

* Centre d’étude pour la promotion des activités lagunaires et maritimes.

**La Prud’homie régit les règles de bonne conduite entre les pêcheurs et édicte les règles de bonnes pratiques de la profession notamment les heures de rentrée et sorties des bateaux… elle est présidée par le prud’homme major.

C’est une pêcherie gérée par les professionnels en Occitanie ; une période de fermeture durant la période de ponte ainsi qu’un nombre de pots et de casiers limités.

CUISINER UN POULPE

 

Oubliée l’ancienne carte postale des pêcheurs battant un poulpe pendant de longues heures contre les rochers pour l’attendrir. De nos jours, il suffit de placer le céphalopode une quinzaine de jours au congélateur, de le laisser dégeler et de le cuire ensuite pendant au moins une heure à la cocotte-minute. Lorsqu’il est encore tiède, le peler en le passant sous un filet d’eau froide. À consommer ensuite de mille et une manières…