Le miel n’est jamais bon dans une seule bouche (proverbe malien)
Avant qu’elle ne connaisse Christophe, Julie, également toulousaine, accompagnait des sociétés coopératives (SCOP) dans leur création et leur gestion. « Mon travail était passionnant, reconnaît la jeune femme, mais je réfléchissais moi aussi à mon évolution professionnelle. Être enfermée dans un bureau ne me convenait plus, j’avais envie d’un métier plus physique, à l’extérieur. »
Julie rencontre Christophe au moment où il achète ses premières ruches. Assez rapidement, le jeune apiculteur lui propose de partir s’installer en Ariège où il souhaite développer son cheptel. Et Julie plonge : « Au début, ça ne m’intéressait pas d’être apicultrice, j’étais juste curieuse de connaître. En découvrant un monde complètement inconnu, j’ai eu un coup de cœur pour ce métier qui rassemble, de mon point de vue, deux choses essentielles : la routine n’existe pas et on produit quelque chose de bon pour les consommateurs. » Elle décide de suivre la même formation que son compagnon. Reste à le convaincre de travailler en duo, ce qui n’est pas gagné d’avance. « Elle m’a eu à l’usure », plaisante Christophe qui avait pourtant l’intention de mener seul son activité. – « Ce fut une longue négociation ! », s’exclame Julie.
Quelques années plus tard, ils n’ont aucun regret, même si travailler en couple n’est pas forcément simple. « Parfois on parle fort, rigole Christophe, mais on crève très vite l’abcès pour passer à autre chose. » Pour Julie, le problème principal est la porosité de la frontière entre travail et vie privée : « Depuis qu’on a un enfant, on s’oblige à garder des plages où on ne parle pas de boulot mais, pendant six ans, on a travaillé sept jours sur sept. Prendre une semaine de vacances dans l’année, c’était déjà bien… Maintenant, on passe presque tous nos week-ends en famille et l’hiver dernier, on est partis un mois en vacances : c’était génial ! »
De gentilles abeilles élevées avec douceur
Pour le profane, même amateur de miel, rien ne ressemble davantage à une abeille qu’une autre abeille. Or, il existe différentes sortes d’abeilles dont les caractéristiques influent sur le travail de l’apiculteur. « C’est un peu comme un éleveur qui choisit des vaches gasconnes ou charolaises », explique Christophe. « Au démarrage, on a testé et acheté deux espèces d’abeilles plus adaptées à notre territoire : la Carnica, une abeille endémique des Alpes de l’Est qui résiste bien à la fraîcheur de la montagne et la Buckfast, une hybride issue d’un croisement de plusieurs souches effectué par un moine anglais au XXe siècle. » Julie ajoute que leurs abeilles sont « gentilles », ce qui fait sourire son partenaire et associé. « Ces deux espèces sont faciles à travailler et piquent peu », précise-t-elle. « De plus, renchérit Christophe, nous utilisons la méthode de récolte la plus douce possible pour nous et pour elles. Les abeilles ayant tendance à descendre en bas de la ruche pendant la nuit, on pose un chasse-abeille, une sorte de clapet anti-retour les empêchant de remonter, ce qui permet de récolter tranquillement le lendemain matin sans les exciter ni se faire piquer. D’autres modes de récolte sont plus stressants pour les abeilles, comme le fait de brosser ou de taper. »