Le bonheur est dans la ruche

Julie, 40 ans, et Christophe, 38 ans, n’ont pas hésité longtemps avant de se lancer dans un projet – néanmoins mûrement réfléchi et préparé – d’apiculture bio en Ariège, à quelques kilomètres de Saint-Girons. Comme toutes les aventures exaltantes, la leur s’est construite en partie sur les hasards du destin, à commencer par leur rencontre.

Il y a une dizaine d’années, Christophe, qui ne connaissait pas encore Julie, habitait Toulouse et gérait un atelier de mécanique automobile à visée d’insertion professionnelle. « En 2011, lorsque cette entreprise s’est arrêtée, j’ai pensé à une reconversion », raconte l’apiculteur. « Depuis mes 18 ans, l’agriculture était dans un coin de ma tête. Mes grands-parents étaient paysans, mes oncles et tantes gravitent dans l’agriculture : cela m’a toujours plu. » Confrontée aux difficultés du métier, sa famille avait, à l’époque, dissuadé le jeune homme de choisir cette voie. « Ils me disaient que c’était trop dur, qu’il fallait travailler non-stop pour gagner une misère… Mais eux étaient pris dans un système qui ne leur laissait pas le choix », analyse Christophe, bien décidé à travailler autrement. « Quel que soit mon projet dans l’agriculture, il était évident que ce serait en bio. »

Avec la maturité, les mises en garde ne l’effraient plus. L’apiculture lui apparaissant comme la bonne idée pour une installation en solo, il part découvrir le métier chez plusieurs professionnels de Haute-Garonne. Cinq mois plus tard, il commence sa formation de responsable d’exploitation agricole, spécialisation apiculture.

Le miel n’est jamais bon dans une seule bouche (proverbe malien)

Avant qu’elle ne connaisse Christophe, Julie, également toulousaine, accompagnait des sociétés coopératives (SCOP) dans leur création et leur gestion. « Mon travail était passionnant, reconnaît la jeune femme, mais je réfléchissais moi aussi à mon évolution professionnelle. Être enfermée dans un bureau ne me convenait plus, j’avais envie d’un métier plus physique, à l’extérieur. »

Julie rencontre Christophe au moment où il achète ses premières ruches. Assez rapidement, le jeune apiculteur lui propose de partir s’installer en Ariège où il souhaite développer son cheptel. Et Julie plonge : « Au début, ça ne m’intéressait pas d’être apicultrice, j’étais juste curieuse de connaître. En découvrant un monde complètement inconnu, j’ai eu un coup de cœur pour ce métier qui rassemble, de mon point de vue, deux choses essentielles : la routine n’existe pas et on produit quelque chose de bon pour les consommateurs. » Elle décide de suivre la même formation que son compagnon. Reste à le convaincre de travailler en duo, ce qui n’est pas gagné d’avance. « Elle m’a eu à l’usure », plaisante Christophe qui avait pourtant l’intention de mener seul son activité. – « Ce fut une longue négociation ! », s’exclame Julie. 

Quelques années plus tard, ils n’ont aucun regret, même si travailler en couple n’est pas forcément simple. « Parfois on parle fort, rigole Christophe, mais on crève très vite l’abcès pour passer à autre chose. »  Pour Julie, le problème principal est la porosité de la frontière entre travail et vie privée : « Depuis qu’on a un enfant, on s’oblige à garder des plages où on ne parle pas de boulot mais, pendant six ans, on a travaillé sept jours sur sept. Prendre une semaine de vacances dans l’année, c’était déjà bien… Maintenant, on passe presque tous nos week-ends en famille et l’hiver dernier, on est partis un mois en vacances : c’était génial ! »

De gentilles abeilles élevées avec douceur

Pour le profane, même amateur de miel, rien ne ressemble davantage à une abeille qu’une autre abeille. Or, il existe différentes sortes d’abeilles dont les caractéristiques influent sur le travail de l’apiculteur. « C’est un peu comme un éleveur qui choisit des vaches gasconnes ou charolaises », explique Christophe. « Au démarrage, on a testé et acheté deux espèces d’abeilles plus adaptées à notre territoire : la Carnica, une abeille endémique des Alpes de l’Est qui résiste bien à la fraîcheur de la montagne et la Buckfast, une hybride issue d’un croisement de plusieurs souches effectué par un moine anglais au XXe siècle. » Julie ajoute que leurs abeilles sont « gentilles », ce qui fait sourire son partenaire et associé. « Ces deux espèces sont faciles à travailler et piquent peu », précise-t-elle. « De plus, renchérit Christophe, nous utilisons la méthode de récolte la plus douce possible pour nous et pour elles. Les abeilles ayant tendance à descendre en bas de la ruche pendant la nuit, on pose un chasse-abeille, une sorte de clapet anti-retour les empêchant de remonter, ce qui permet de récolter tranquillement le lendemain matin sans les exciter ni se faire piquer. D’autres modes de récolte sont plus stressants pour les abeilles, comme le fait de brosser ou de taper. »

Respect de la nature et circuits courts

La diversité et la richesse de la flore dans les Pyrénées Ariégeoises permettent au couple d’apiculteurs de produire des miels d’une grande variété. « Toutes nos ruches se trouvent dans un rayon de vingt kilomètres, sauf pour les transhumances d’été : nous déplaçons nos ruches en haute montagne, à 1500 mètres d’altitude, pour la bruyère callune qui donne un miel ambré au goût puissant, ou encore dans l’Aveyron pour le châtaignier car ici les arbres ont été attaqués par un parasite ; la lutte biologique entamée il y a plusieurs années va juste commencer à porter ses fruits. » Christophe et Julie promènent ainsi leurs abeilles au gré des floraisons : en mars/avril pour le miel de printemps (pissenlit, érable, merisier, aubépine), mai pour l’acacia, puis en juin pour le miel de fleurs sauvages et de montagne. Juillet est le mois des châtaigniers, tilleuls, rhododendrons, tournesols. Jusqu’à fin août c’est la bruyère callune. « En septembre c’est terminé, tout le miel est en pots ou en fûts », souffle l’apicultrice.

Les emplacements des ruches sont soigneusement sélectionnés : ils sont labellisés bio car les alentours – végétation sauvage ou parcelles cultivées en bio ou en conversion bio – ont été examinés dans un rayon de trois kilomètres.

Julie et Christophe possèdent 500 colonies d’abeilles – environ 250 ruches en production, à peu près autant d’essaims pour le renouvellement – et produisent entre 6 et 7 tonnes de miel, ce qui les positionne parmi les exploitations moyennes. « Notre mode de commercialisation est en phase avec notre philosophie : c’est du circuit court car cela n’a aucun sens de livrer à l’autre bout de la France ou du monde », développe Julie. D’autant que cela ne servirait à rien puisque le couple écoule quasiment toute sa production dans l’année qui suit…

Inquiétude liée au changement climatique

Mais tout n’est pas rose. « Nous sommes extrêmement dépendants de l’environnement et des conditions météo », soupire Julie. « Le changement climatique nous inquiète, tout comme la pollution. Les abeilles en subissent déjà les conséquences. » Déficit de pluie, canicule ou coup de froid inattendu au printemps dernier : les événements extrêmes se multiplient et impactent la végétation, donc les abeilles.

« Les apiculteurs ont un rôle de vigie : nous constatons que quelque chose se détraque. La prise de conscience est là mais les solutions ne sont pas mises en œuvre comme il le faudrait. »

Les ex-citadins reconvertis veulent y croire malgré tout : « Nous demeurons optimistes sur notre métier et notre capacité à en vivre. Tant qu’il y aura des apiculteurs, il y aura des abeilles. »

3 logos, autant de gages de confiance

Les miels « GAEC de la Chouette » arborent à la fois la marque « Valeurs Parc naturel régional des Pyrénées Ariégeoises », le label « Agriculture biologique » et la marque Sud de France. Une belle façon d’indiquer la provenance des produits, de garantir leur authenticité et leur qualité ainsi que leur aspect sain et entièrement naturel.

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