Pascal Rami, co-dirigeant de la maison Vital Aimé
Il y a 183 ans, Jacques Vital, artisan pâtissier de son état, n’aurait sûrement jamais imaginé qu’en 2019, une entreprise de biscuiterie, fleuron de la vie économique de Martres-Tolosane, porterait toujours son nom. Gageons qu’il n’aurait pas rêvé mieux.
Ironie du sort, ce succès est la conséquence d’une brouille au sein d’une fratrie. C’est du moins ce que raconte la légende familiale, rapportée par Pascal Rami, actuel co-dirigeant de l’entreprise avec sa cousine Bénédicte Vital. « À l’origine, deux frères Vital avaient ouvert une pâtisserie ensemble. Mais comme ils ne s’entendaient pas, chacun a ensuite monté sa propre boutique. Celle du cadet n’a pas marché et a disparu. La pâtisserie qui a perduré est celle de l’aîné, d’où le nom Vital Ainé. » Plus personne ne connaît aujourd’hui la raison de la mésentente des deux frères. Mais tout le monde sait que c’est Jacques Vital et sa femme Jeanne-Marie, tous deux enfants du pays, qui ont fait la renommée de la maison Vital Ainé. « Nous sommes issus d’une vieille famille de Martres-Tolosane » souligne Pascal Rami. « La pâtisserie était installée au centre du village, au rez-de-chaussée de la maison d’habitation. À l’époque, vies professionnelle et personnelle se confondaient. »
En 2000 – date symbolique d’entrée dans le XXIe siècle -, l’entreprise a déménagé dans des locaux plus adaptés mais le siège initial de Vital Ainé est resté dans la famille : les parents de Pascal y habitent toujours.
Papier de soie et boîtes en fer
Dans les années suivant sa création, la pâtisserie Vital Ainé s’oriente petit à petit vers la biscuiterie avec notamment une déclinaison du biscuit rose de Reims, un biscuit à la cuiller logiquement baptisé « biscuit de Martres » – première recette et premier succès de la maison – et son cousin le « biscuit commingeois ».
« Au début du XXe siècle, ces biscuits étaient emballés dans du papier de soie et placés dans des boîtes en fer qui étaient livrées aux magasins de détail dans des estafettes », relate Pascal Rami. Dans les locaux actuels de l’entreprise, un grand cadre photo rappelle cette histoire : on y voit la fratrie Vital – les descendants de Jacques – poser fièrement devant une voiture de livraison de l’époque.
Bien d’autres produits emblématiques de la maison Vital Ainé sont issus de recettes anciennes. « La meringue fait partie de notre ADN », détaille le co-dirigeant. « Quand il doit séparer les jaunes d’œuf des blancs pour réaliser certains gâteaux, tout pâtissier qui se respecte fait forcément de la meringue avec les excédents de blancs d’œuf. » Autre poids lourd du catalogue : le cake. « Nous avons une gamme très large de gâteaux à partager, elle compte une vingtaine de références », s’enorgueillit Pascal Rami. « Cela nous arrive régulièrement de revisiter nos origines et de remettre des produits oubliés au goût du jour pour les faire découvrir à nos clients. Il n’y a pas très longtemps, nous avons repris le pain de Gênes, une vieille recette pâtissière que l’on peut d’ailleurs retrouver dans le Larousse de la gastronomie. »